La SMAC : qui sommes-nous ?
3 présidents :
Au centre : Dr. René Alquié, à droite : Dr. Pierre Salaün, à gauche : Dr. Francis Gasq.
La SMAC a été fondée en 1977 par J.A. Lavier et ses élèves, en association régie par la loi de 1901.
Son enseignement s’adresse aux professions médicales : médecins, chirurgiens-dentistes, sages-femmes, kinésithérapeutes.
La spécificité de l’enseignement de Jacques-André Lavier en matière de Médecine Traditionnelle Chinoise détermine la singularité de la SMAC dans le paysage français des sociétés d’acupuncture, aussi nombreuses que variées.
Comme l’explique sa fille, Marie-Christine, dans la biographie, J.A. Lavier a été initié aux caractères et à la culture chinoise dès son enfance.
Après ses études médicales en France, ses relations avec le Professeur WU Wei-Ping à Taipei l’amèneront à la traduction des livres de ce dernier. Puis il recevra de ce même professeur, la charge d’enseigner la médecine chinoise traditionnelle en Occident.
Cet enseignement, au fil des années, va se structurer et se singulariser de l’enseignement habituel en particulier par une nomenclature tout-à-fait innovante.
Helléniste confirmé, il s’attacha à supprimer des traductions habituelles tout un vocabulaire “poético-ésotérique” qui dévaluait cette médecine bien plus qu’il ne la servait.
Ses talents de traducteur apportèrent ainsi une clarification tout-à-fait propice à une meilleure compréhension de cette science venue du fond des âges.
Plus question de “vaisseaux curieux”, ni de “vaisseaux merveilleux”, mais apparurent les termes de péridromies (du grec “peri”, autour, et de “dromos”, chemin) qui désignent donc ces trajets périphériques que parcourt l’énergie, les allodromies (du grec “allos”, autres), les paradromies (du grec “para”, à côté de), les cryptodromies (du grec “kruptos”, caché), et il en fut ainsi pour traduire tous les termes de cette médecine traditionnelle.
Cela pourra désarçonner au départ un praticien déjà formé au langage plus “habituel”, mis au point par G. Soulié De Morant et les traducteurs suivants au début du XXème siècle, mais la nomenclature ainsi définie par J.A. Lavier est tellement plus claire et compréhensible, que l’habitude est vite prise de ces nouveaux termes étymologiquement exacts.
Il nous initia ainsi au décryptage des anciens caractères chinois, qui permettent, par leur aspect pictographique que notre Maître excellait à décoder, d’accéder aisément à leur étymologie.
C’est ainsi qu’il nous apprit à traduire étymologiquement, outre les vieux textes de médecine chinoise, (parmi eux le 內經素問 Nei Tching Sou Wen), le nom des points d’acupuncture, ce qui apporte un éclairage absolument unique sur leur action.
Pour simple exemple, le point 雲 門 Yun Men, habituellement traduit par “porte des nuages”, en caractères anciens nous montre une porte à deux battants, certes, pour 門 Men: , mais pour Yun, le caractère ancien nous montre, selon l’interprétation de J.A. Lavier: en haut la cage thoracique, et en bas les circonvolutions de l’intestin.
Cette analyse n’est alors plus seulement graphique, mais nous désigne un point d’accès (grâce à la porte) au fonctionnement du péristaltisme intestinal.
On voit là l’immense hiatus existant entre les anciennes traductions, et l’approche étymologique de J.A. Lavier.
Et il en fut ainsi pour tout son enseignement. Il avait cette qualité rare de rendre facilement compréhensibles les notions les plus ardues.
Cela nous permit l’approche de la métaphysique chinoise, l’étude des auteurs Taoïstes 老子 Lao Tzeu, 列子 Lie Tzeu, 莊子 Tchwang Tzeu, le décryptage du 易經 Yi Tching, l’enseignement de l’uranologie (étude de l’astronomie chère aux anciens chinois pour mettre en relation l’Homme avec le Ciel), et bien sûr toutes les facettes de cette médecine plurimillénaire.
Il est bon ici de rappeler quelques-unes des ses phrases, qu’il écrivait dans l’avant-propos de son ouvrage “Médecine Chinoise, Médecine Totale” :
“… Sur le plan de la délibération intellectuelle, les voies modernes telles que causalité, finalité ou dialectique ne furent jamais celles de la démarche traditionnelle, laquelle n’accepte qu’un seul et unique outil, toujours le même, le raisonnement analogique, sans lequel l’expression symbolique ne saurait exister d’aucune manière.
Connaissance immuable parce que totale, acquise par d’autres moyens que les dérisoires découvertes du monde moderne, qui ne fonde sa science fragmentaire et toujours révisée que sur les observations fortuites ou des accidents expérimentaux, la Tradition ne tolère aucune discussion en ce qui concerne son contenu, et par là échappe à toute espèce de critique: ou bien on l’accepte, ou bien on la rejette, et cela dans sa totalité, car chacun de ses éléments est étroitement dépendant de l’ensemble des autres, et ne peut en être abstrait sous aucun prétexte, car il perdrait alors son sens.
Encore est-il nécessaire, avant de décider de sa position vis-à-vis de la Tradition, de connaître son contenu…”
C’est tout cet éventail de connaissances que nous nous attachons, au sein de la SMAC, à transmettre aux nouvelles générations qui n’ont pas eu, comme les plus anciens d’entre nous, la chance de côtoyer notre Maître.
En Juin 2014, une célébration toute particulière eut lieu à Kunming, capitale de la province du Yunnan, en Chine, au sein de l’Université de Médecine Traditionnelle. Son oeuvre trouve désormais sa place dans le musée dédié au sein de l’Université.
Cette célébration, sous forme d’un forum, à l’initiative du Professeur HOR Ting, se déroula en présence de Marie-Christine Lavier, fille du Professeur Lavier, du Docteur WU Anxing, petit-fils du Docteur WU Wei Ping, de nombreux anciens élèves, et ce fut un grand moment de reconnaissance du travail de J.A. Lavier.
Une antenne très dynamique de la SMAC s’est créée à la Réunion, animée par Yanick Ravix et Marjorie Lobry.
Martine Lapéronnie-Pierron